mercredi 31 août 2011

La France veut une part de banquise!

Créer une capacité d'intervention

L'accident survenu le 30 août 2011 entre un mirage 2000-C français et un L-39 Albatros lituanien près de la base de Siauliai - Lituanie - met en exergue la participation française à l'opération de l'OTAN Air Baltic 2011. Cette mission est en fait une force de réaction rapide qui a pour but de surveiller l'espace aérien des trois pays baltes. La France a dernièrement accru sa participation en assurant un troisième tour en moins de deux ans. Cela permet aux équipages de l'armée de l'air de se tester ainsi que leur matériel dans les conditions nordiques. Les autres armées ne sont pas en reste. L'armée de terre fortement engagée en Afghanistan peut s'appuyer sur l'expérience acquise dans un pays où les conditions hivernales se rapprochent de l'Arctique. De plus la 27ème brigade d'infanterie de montagne participe régulièrement aux exercices otaniens Cold Response qui se tiennent en Norvège. La marine nationale, enfin, déploie un navire de surface et un sous-marin chaque année dans le Grand Nord.


The place to be 

Cette volonté de se donner les moyens d'agir en Arctique répond à la problématique qu'avait soulevé le général Georgelin alors chef d'état-major des armées en 2009 «l'ouverture des nouvelles routes commerciales par le Grand Nord et les tensions naissantes entre les pays limitrophes de l’Arctique pour l’exploitation des éventuels champs pétrolifères, nous font prendre conscience de l’enjeu que représente la sécurisation des accès aux ressources(...)"(1)
Selon l'institut géologique américain US geological survey,  la région contiendrait 13% des réserves mondiales de pétrole, 30% pour le gaz naturel et 20% du gaz naturel liquide. Il n'est donc pas surprenant que les états limitrophes - Canada, Russie, Etats-Unis, Norvège, Danemark - cherchent à s'accaparer ce trésor en revendiquant leur propriété sur cette zone stratégique. Mais d'autres prétendants se manifestent comme le démontre l'annonce de la Chine qui souhaite s'équiper de puissants brise-glaces  pour 2013.

carte issue de blog.mondediplo.net


Internationaliser l'Arctique

Du point de vue diplomatique, la France ne reste pas inactive afin d'éviter de se retrouver mise à l'écart. La nomination en mars 2009 de Michel Rocard comme ambassadeur pour les questions polaires relève d'un choix stratégique. En effet, l'ancien premier ministre possède une certaine expérience puisqu'il a initié le protocole lié au Traité de Madrid de 1991 dont la principale disposition est de faire de l’Antarctique une réserve naturelle consacrée à la paix et à la science. Ce principe, s'il était instauré pour l'Arctique permettrait d'assurer le libre accès aux nouvelles routes maritimes libérées par la fonte des glaces. Les démarches de M. Rocard s'appuie sur une volonté de préservation de l'environnement et notamment des réserves halieutiques de la zone.
Enfin la participation de la France en tant qu'observateur au conseil de l'Arctique et au conseil Euro Arctique de Barents confirme sa volonté de rester un acteur majeur dans la gestion des affaires de cette région hautement stratégique.

(1) Allocution du CEMA au colloque du Conseil économique de la Défense du 13/06/2009
sources:
Diploweb.com : Arctique, la France prend position

jeudi 25 août 2011

Embed with Michael Yon*

*Intégrer avec Michael Yon
Michael Yon

Certains métiers ont l'étrange faculté de faire briller les yeux des enfants. Si initialement, pompier ou pilote de chasse ont la primauté, avec un peu plus de maturité, le reporter de guerre retient toute leur attention. A cette évocation, l'esprit se met immédiatement en branle projetant l'image d'un homme ou d'une femme au visage halé et vêtu d'une tenue proche de celle du combattant avec cette veste pleine de poches lui permettant de transporter ses "munitions", pellicules et objectifs. L'appareil photo au point, il est au plus près des combats, rendant ainsi tangible par ses images  une guerre qui nous paraît souvent si lointaine. Mais l'aventure a un prix parfois élevé comme nous le rappelle le mémorial dédié à cette profession. Erigé par la ville de Bayeux, il recense tous ceux tombés dans l'exercice de leur métier de journaliste.

Ecrivain et béret vert

C'est un peu par hasard que je suis arrivé sur la page Facebook de Michael Yon mais rapidement, j'ai pris plaisir à suivre ses pérégrinations de reporter. Gravitant dans un univers un peu fantasmé par le commun des mortels, ses images et ses commentaires m'ont aussitôt marqué par leur authenticité et leur sincérité m'incitant à m'intéresser davantage au personnage.

Ecrivain et photographe américain, Michael Yon est un journaliste free lance. Ne travaillant officiellement pour aucun média, la poursuite de ses activités est rendue possible essentiellement par les dons de ses lecteurs. Après ses deux premiers livres, Danger Close et Moment of Truth in Iraq, il vient de faire paraître Iraq,Inside the Inferno 2005-2008. Il tient également un blog qui a déjà été récompensé à plusieurs reprises pour sa qualité: Best military blog 2007 et 2008 weblog awards.
Pourtant rien ne semblait le destiner à cette carrière puisque dès l'obtention de l'équivalent du baccalauréat aux Etats-Unis, il s'engage dans l'armée. Il est ainsi un des plus jeunes à réussir le processus de sélection des célèbres bérets verts. Il quitte cependant l'institution militaire en 1987 pour pratiquer différents métiers notamment dans la sécurité - il fut chargé pendant un temps de celle de Michael Jackson - et pour voyager. C'est la mort de deux amis proches en Irak qui l'incite à se lancer dans l'écriture pour tenter d'expliquer ce conflit.


Major Bieger and the little girl

Un caractère bien trempé

Son parcours atypique a indéniablement un impact sur la façon dont il conçoit son métier. Fort de son expérience dans les forces spéciales, il n'hésite pas à se rendre seul sur les territoires les plus exposés, il était encore au début de cette année en Afghanistan. Mais sa spécificité réside dans sa volonté d'être régulièrement intégré aux unités de terrain. Le New York Times précise qu'en 2008, il est celui qui aura passé le plus de temps au côté des soldats américains en Irak. Cette intégration ne limite en rien ses observations comme pourraient le penser certains esprits chagrins. Bien au contraire, il conserve une liberté de ton qui parfois lui ferme les portes. Il n'hésite pas à mettre en cause la haute hiérarchie militaire lorsqu'il l'estime défaillante. Il s'est ainsi confronté violemment au brigadier général  Ménard alors responsable de la zone d'opérations canadienne en Afghanistan mais aussi au général Mc Chrystal ancien chef de l'ISAF. De l'autre côté, il se montre extrêmement élogieux pour le général Petraeus qu'il estime très compétent. Adepte du journalisme citoyen, ses considérations personnelles affectent sans aucun doute son écriture mais il assume ce parti pris, il ne ressent ainsi aucune honte à se montrer partial avec les troupes.

à l'intérieur d'un Chinook

Oui, Michael Yon est droit dans ses bottes, on n'est pas toujours d'accord avec ses déclarations, mais quel plaisir à suivre ses reportages dans le feu de l'action, de lire ses compte-rendus sans y voir la moindre arrière pensée mercantile. A défaut de comprendre les considérations stratégiques des confits qu'il couvre, il nous donne la meilleure image possible du vécu quotidien des troupes et de leur action tactique, au point que l'on sentirait presque la poussière afghane et la montée d'adrénaline lors des combats avec les insurgés.
Alors n'hésitez plus embarquez vous avec Michael au coeur de la mélée!

N.B.: Photos réalisées par Michael Yon et reproduites pour ce billet avec son aimable autorisation, qu'il en soit sincèrement remercié.

sources: 

mercredi 17 août 2011

Fatales certitudes, l'exemple de la bataille de Québec

L'effet de surprise est souvent déterminant dans le déroulement d'une bataille. Le stratège doit donc faire preuve d'imagination pour jouer avec les contraintes de la géographie afin de passer là où on ne l'attend pas. En cela, il est parfois aidé par les convictions que l'adversaire peut avoir développer. La traversée des Alpes par Hannibal et ses éléphants ou encore la percée des Ardennes par Guderian durant la deuxième guerre mondiale sont des exemples emblématiques de ces certitudes cruellement démenties.
La France a connu, au cours du 18ème siècle , une autre déconvenue de ce type qui lui coûtera pas moins que sa présence en Amérique du Nord.

dispositif lors de la bataille du 13 septembre 1759


Le Canada dans la guerre de Sept Ans

--> En 1759, l’Amérique du Nord est l’un des théâtres d’opération de la Guerre de Sept Ans. Ce conflit débuté en 1756 oppose notamment le Royaume de France à l’Angleterre. La stratégie anglaise mise en place par le Premier Ministre, William Pitt, est de confiner la France en Europe pendant que les forces britanniques conquièrent l’empire français d’Amérique. La supériorité maritime anglaise est un atout majeur pour l’accomplissement de cette stratégie car elle est un réel obstacle à l’envoi de renforts en Nouvelle-France.  Pour le premier ministre britannique, l’année 1759 doit être celle du coup de grâce. Il décide donc de lancer l’offensive par la terre – de la région des Grands Lacs vers Montréal – et par la mer, c’est à dire par l’embouchure du Saint-Laurent pour prendre la capitale de la Nouvelle-France Québec. Cette mission s’avère particulièrement difficile car la cité est fortifiée et bénéficie d’une position très favorable à sa propre défense. En effet, les conditions climatiques de la Nouvelle-France obligent l’éventuel assaillant à agir lorsque le fleuve n’est pas gelé – et donc à conquérir la ville avant qu’il ne puisse plus refluer. De plus, les berges du Saint-Laurent en aval de la ville sont aménagées pour en assurer une bonne défense et empêcher tout débarquement. Ces installations démontrent d'ailleurs leur efficacité notamment lors d'une première tentative anglaise qui se solde par un cuisant échec au cours du mois de juillet. 

Erreur d'appréciation désastreuse

L'amont, en revanche, n'a pas bénéficié d'autant d'attention. En effet, les marins français ont estimé le passage impossible aux imposants navires britanniques. Pourtant dès leur arrivée aux abords de Québec, ces derniers démontrent leur capacité à franchir le goulet sans encombres. Les conséquences sont majeures pour les défenseurs, car, conforter par la certitude de ne pas voir les Anglais en Amont de la ville, ils n'ont pas hésité à éloigner leurs réserves. Leur route logistique se trouve donc exposée à un débarquement britannique. le marquis de Montcalm, commandant les troupes françaises en Amérique du Nord, décide de constituer des détachements mobiles aux ordres de Bougainville pour suivre les bateaux anglais afin d'éviter ce débarquement redouté.


vue de la prise de Québec

Quand la chance s'en mêle

--> Après avoir essayé différentes stratégies au cours de l’été, le général Wolfe décide finalement de faire débarquer ses troupes en amont de Québec à l’Anse au Foulon, le 12 septembre. Bien que surplombé par des falaises comme une bonne part des berges, cet emplacement dispose d’une piste qui permet d’amener l’artillerie plus aisément sur les contreforts de la ville de Québec. Cette opération interarmées de grande envergure permet au général britannique de disposer de plus de quatre mille professionnels face aux défenseurs de la cité. Le 13 septembre, le Marquis de Montcalm décide d’attaquer les forces anglaises alors qu’il peut encore attendre le retour de près de trois mille hommes commandés par Bougainville, ce choix sans doute dicté par la crainte de voir les Anglais amenés davantage d’artillerie s’il patientait encore ne fera qu’accélérer l’inéluctable au regard de l’expérience des insulaires comparée aux francophones et la bataille est rapidement perdue. 

 
-->La réussite de cette opération tient pour beaucoup à la chance. En effet, moins d’une semaine avant le débarquement, le bataillon Guyenne entier était positionné à proximité du lieu de débarquement et aurait semble-t-il du avoir l’ordre d’y retourner le 12. De plus, une opération française de ravitaillement par le fleuve était prévue la même nuit, les guetteurs le long du Saint Laurent ne sont pas avisés de son annulation et lorsque les navires britanniques approchent ils les croient amis. 
--> la victoire finale de Wolfe repose pour bonne part sur les erreurs d’appréciation du général français mais aussi et pour beaucoup sur la chance qui a spectaculairement favorisé la manœuvre britannique. C’est donc au final la grande force du général Wolfe d’avoir su forcer le destin pour emporter la décision. --> le marquis de Montcalm peut se voir imputer cette défaite car comme l’écrit le Chevalier de Lévis « un général vaincu a toujours tort ».     


Source: Québec 1759 C.P. Stacey
 

dimanche 14 août 2011

L'US ARMY n'est pas "minimaliste"!

Bon, dit comme ça vous vous en seriez douté! En l’occurrence,  il s'agit de chaussures et plus exactement de running. Comme dans beaucoup d'autres domaines, nombre de coureurs sont tentés de revenir aux fondamentaux et de reprendre contact avec la nature tel que l'aurait préconisé Rousseau s'il était encore en vie. Pour satisfaire ces passionnés, la marque VIBRAM, notamment, produit les VIBRAM Fivefingers au design très... innovant!





Mauvaise image?
Cette forme très proche de la morphologie du pied n'a donc pas l'heur de plaire à l'état-major de l'U.S. Army qui en a banni l'usage en service:

There are a variety of minimalist running shoes available for purchase and wear. Effective immediately, only those shoes that accommodate all five toes in one compartment are authorized for wear. Those shoes that feature five separate, individual compartments for the toes, detract from a professional military image and are prohibited for wear with the IPFU [Improved Physical Fitness Uniform, i.e. T-shirt and shorts] or when conducting physical training in military formation. [our emphasis]

Il s'agit donc a priori d'une interdiction liée au style de ces chaussures minimalistes et non pas pour des raisons médicales - l'utilisation de ces running nécessite d'adapter sa façon de courir l'avant du pied touchant le sol en premier.

Autre Armée, autre avis

Cette vision des minimalistes inadéquates avec la tenue militaire n'est cependant pas partagée par l'ensemble des armées de l'Oncle Sam comme le démontre ce message de l'US Navy datant du 05 août:

RMKS/1. THIS NAVADMIN AUTHORIZES THE WEARING OF MINIMALIST FOOTWEAR WITH THE NAVY PHYSICAL TRAINING UNIFORM (PTU) DURING COMMAND/UNIT DIRECTED PHYSICAL TRAINING (PT), INDIVIDUAL PT, AND ACTIVITIES TO INCLUDE THE SEMI-ANNUAL PHYSICAL READINESS TEST (PRT).

2. MINIMALIST FOOTWEAR IS DEFINED AS SHOES THAT ALLOW THE FOOT TO FUNCTION NATURALLY WITHOUT PROVIDING ADDITIONAL SUPPORT OR CUSHIONING. ANY SHOE THAT IS MARKETED AS MINIMALIST OR BAREFOOT-LIKE FOOTWEAR (CURRENT TYPES SUCH AS THE - VIBRAM FIVE FINGERS, NIKE FREE SHOES, VIVO BAREFOOT SHOES, INOV-8 SHOE, AND FEELMAX) ARE AUTHORIZED FOR WEAR WITH THE PTU.

3. FILE THIS NAVADMIN UNTIL CHANGES ARE INCORPORATED INTO THE QUARTERLY BUPERS DIRECTIVE CD-ROM CHANGE CONTAINING REF A. IN THE INTERIM, FOR MORE INFORMATION ON UNIFORMS AND UNIFORMS POLICY, VISIT THE NAVY UNIFORM MATTERS WEBSITE AT HTTP://WWW.PUBLIC.NAVY.MIL/BUPERS-NPC/SUPPORT/UNIFORMS/PAGES/DEFAULT2.ASPX.





 VS







Traditionnellement les unités de l'Army comme de l'armée de terre française cherchent à conserver une uniformisation des tenues qui participe au sentiment d'appartenance au groupe et donc à la cohésion. Les chaussures minimalistes ne font pas l'unanimité chez les podologues, certains estimant que le changement peut provoquer de grandes douleurs chez les nouveaux utilisateurs. L'impossibilité de voir tous les soldats portés ce genre de running est sans doute une des raisons qui ont poussé l'US Army à en bannir l'usage lors de l'entraînement collectif.

sources:
[MAJ]
Après l'US Navy, c'est au tour de l'US Air Force (USAF) de se montrer favorable au minimalisme. L'armée de l'air américaine a décidé de dédier un budget de 150000$ pour, entre autres, améliorer la mécanique de course de ses effectifs. C'est le lieutenant colonel Cucuzella, vainqueur du dernier marathon de l'USAF et médecin, qui est en charge de faire apprendre le barefoot et la foulée minimaliste.



En France, le débat n'a pas encore lieu dans l'armée, la pratique minimaliste restant confidentielle. Elle est néanmoins en forte progression et si elle atténue réellement les risques de blessure, il faudra s'interroger sur son emploi au sein des forces armées où la course à pied est un élément de base de l'entraînement.

sources:
http://www.airforcetimes.com/news/2011/10/air-force-almost-barefoot-running-100411w/ 

mercredi 10 août 2011

L'armée tchèque s'équipe d'un nouveau fusil d'assaut

photo Czech Army
Deux unités de l'armée tchèque vont bientôt recevoir le tout nouveau fusil d'assaut: le CZ 805 BREN. De production locale, cette arme remplacera le Sa vz. 58. Elle utilise le calibre au standard OTAN 5,56mm et peut recevoir des équipements optroniques.
Les 500 premiers exemplaires de ce contrat de près de 8000 fusils équiperont les unités qui armeront les Operational  Mentor and Liaison Team (OMLT) tchèques dans la province du Wardak et la Provincial Reconstruction Team (PRT) du Logar  au sein de l'ISAF en Afghanistan.
Plus d'information sur le site de defence.professionals.

Morts pour rien?

Le décès en opération de sept soldats français au début de l'été a suscité un émoi proche de celui occasionné par les dix morts de la vallée d'Uzbeen en 2008. A ces occasions, l'incompréhension et la méconnaissance de bon nombre de nos concitoyens sur les actions menées en Afghanistan se traduisent invariablement sur un très péremptoire: "ils sont morts pour rien, il faut faire rentrer nos soldats!"

Si je partage plutôt la vision du contre-amiral Praczuck dans sa lettre ouverte l'armée, la démocratie et le sacrifice d'un soldat parue dans le monde, une récente visite au Centre Juno Beach de Courseulles sur Mer m'a également rappelé la nécessité de replacer les événements tragiques dans un contexte souvent plus général.

le Centre Juno Beach est le mémorial construit à la demande et grâce aux vétérans canadiens de la seconde guerre mondiale. Il retrace ainsi la participation canadienne aux opérations alliées en ne se limitant pas à celles du débarquement en Normandie.  C'est ainsi que l'on peut découvrir ou re découvrir l'opération Jubilee ou le débarquement de Dieppe. 

Une tentative désastreuse

Le 19 août 1942, une force de près de 5000 hommes constituée majoritairement de troupes canadiennes entraînées intensivement en Grande-Bretagne s'attaque à la "forteresse Europe". Malheureusement, l'absence d'une vraie préparation, l'utilisation de matériel inadapté et l'urgence dans laquelle l'opération est menée conduisent à l'échec et occasionnent de très sévères pertes puisque 1200 hommes trouveront la mort et 3000 seront blessés ou faits prisonniers. On imagine aisément l'émotion provoqué par ce désastre parmi les alliés. Cependant, cette opération a eu deux conséquences majeures sur la suite des hostilités:
  • Tout d'abord, elle a fourni de précieux enseignements pour ce qui sera par la suite l'opération Overlord
  • Et surtout, elle contraint l'Allemagne nazie à constamment envisager un débarquement allié à l'Ouest. Ainsi 400 000 hommes seront mobilisés pour défendre les côtes atlantiques et de la Manche, diminuant sensiblement la pression sur le front de l'Est et permettant aux troupes soviétiques de contenir les assauts allemands.

Hommage 

le 19 août prochain sera donc le 69ème anniversaire du débarquement de Dieppe, l'occasion donc de rappeler que ces soldats canadiens, anglais et américains ne sont pas morts pour rien et de leur rendre l'hommage qu'ils méritent.

The Pacific versus Band of Brothers

Dimanche 14 août, France 2 diffuse pour la première fois (sur une chaîne non cryptée) la série événement produite par les célèbres Tom Hanks et Steven Spielberg, The Pacific. A cette occasion, elle est d'ailleurs re baptisée : Band of Brothers: l'enfer du Pacifique afin de souligner la parenté avec son illustre aînée. Cette dernière, réalisée il y a près de dix ans, avait connu un grand succès dans la plupart des pays où elle fut diffusée.



Du grand spectacle pour petit écran

Si Band of Brothers suit la Easy company unité américaine appartenant à un régiment de la célèbre 101ème airborne sur le front européen de la deuxième guerre mondiale dès l'opération Overlord, The Pacific, comme son nom le laisse présager, décrit le quotidien de quelques marines en Asie après l'attaque de Pearl Harbor par les Japonais. S'appuyant sur les témoignages des vétérans et richement doté - la série aura coûté 150 millions de Dollars US - ce programme assure le spectacle et les histoires personnelles sont suffisamment poignantes pour que l'on s'attache aux personnages.

 D'île en île

Néanmoins, je n'ai pas retrouvé le même plaisir qu'avec Band of Brothers. L'absence d'effet de surprise comme à la sortie de la première série, une connaissance moindre du théâtre d'opération ont sans doute contribué à ce sentiment. Cependant, au delà d'une éventuelle faiblesse scénaristique, la campagne du Pacifique, pour sa partie terrestre, semble avoir été menée d'une manière beaucoup plus linéaire que le front européen. En effet, le corps expéditionnaire composé en grande partie par les Marines a été confronté à un environnement et un climat particulièrement difficiles, sans accalmie possible bien au contraire - à la différence d'une Europe au quatre saisons marquées - Cet environnement est constitué quasi exclusivement d'îles qu'il faut conquérir une par une pour s'approcher de l'archipel Japonais et assurer un lien logistique particulièrement complexe. Chaque fois, c'est donc le même scénario qui se répète: un débarquement - opération toujours risquée et coûteuse en vies humaines - puis une lutte féroce pour déloger l'ennemi plus adapté aux conditions locales et dont l'acharnement est aujourd'hui légendaire.

La série rend bien compte de cette succession de combats ce qui la rend quelque peu répétitive et qui a sans doute contribué à sa baisse d'audience tout au long de sa diffusion aux Etats-Unis notamment. Quoiqu'il en soit et même si je considère l'intérêt télévisuel moindre que Band of Brothers, ce programme de qualité met à l'honneur des hommes et des femmes qui ont tout donné pour leur pays, ils ont donc valeur d'exemple dans une société qui semble en manquer terriblement.