samedi 10 septembre 2011

Où va l'OTAN?

Si depuis le sommet de Lisbonne en novembre 2010, l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord s'est lancée dans une restructuration majeure liée à l'adoption d'un nouveau concept stratégique, les nombreux événements de cette année 2011 incitent à s’interroger sur le devenir de l'alliance. 


Une organisation mutante

Comme le montre le choix français de relancer la réflexion sur le livre blanc de la défense et de la sécurité nationale de manière anticipée, l'évolution parfois surprenante de l'environnement international oblige à une remise en question récurrente. L'OTAN a su jusqu'à présent s'adapter aux circonvolutions du monde en accueillant en son sein des anciens pays du bloc de l'Est à la chute de l'URSS, en adaptant ses procédures ou en apprenant à travailler avec les Nations Unies. Cela a également conduit l'organisation à s'impliquer dans différents conflits comme au Kosovo en 1999 sans que les clauses d'engagement initiales aient été respectées, l'humanitaire et la volonté de répondre à une résolution de l'ONU légitimant l'action. De la même manière, l'Alliance qui avait pour but préalable la protection des pays évoluant dans l'Atlantique Nord s'est engagée loin de ses bases, en Afghanistan, à la suite de l'attaque du 11 septembre 2001 sur les États-Unis.

Des signes inquiétants

Aujourd'hui, l'OTAN est toujours présente en Afghanistan où elle constitue la Force Internationale d'Assistance et de Sécurité (ISAF en anglais) et les stratèges de l'organisation recherchent une solution pour sauvegarder ce qui a été accompli après que les Etats-Unis puis la France dans son sillage aient annoncé un retrait pour 2014. Sans vouloir préjuger de la situation à cet horizon, il semble aujourd'hui difficile d'attendre un succès probant de l'ISAF et les grandes difficultés de l'Alliance dans ce pays sont susceptibles de lui faire perdre du crédit à travers le monde.

crédit inconnu

Plus récemment, l'OTAN s'est engagée en Lybie suite à une résolution de l'ONU et afin d'éviter que le Colonel Kadhafi élimine indistinctement civils et rebelles. Ces résolutions contraignantes - les interventions devant protéger la population des mesures de représailles - se sont traduites par un engagement essentiellement aérien mené notamment par les Anglais et les Français. Cependant avant d'en arriver là, de nombreuses tractations ont eu lieu mettant au jour les difficultés internes de l'Alliance, chaque pays ayant des intérêts parfois divergents. Ainsi l'Allemagne s'est abstenue de toute participation militaire. De plus, et alors que les États-Unis ne souhaitaient pas mettre en avant leurs moyens, la force d'intervention fut bien difficile à mettre en place pour assurer l'efficacité des frappes. Enfin pour plusieurs pays, Russie, Chine, Algérie, l'OTAN a usé d'artifices diplomatiques pour finalement prendre parti dans une guerre civile et démontrer ainsi une grande partialité.

Ce conflit lybien fut enfin l'occasion d'une saillie de l'ancien chef du Pentagone Robert Gates. Ce dernier, sur le départ, n'a pas mâché ses mots sur l'incapacité européenne à régler le problème en Lybie. Il vitupère ainsi contre une vingtaine de pays alliés qui ne veulent ou surtout ne peuvent pas intervenir obligeant une fois encore les États-Unis à s'impliquer financièrement et militairement. Cette diatribe d'un membre éminent du gouvernement américain montre l'agacement croissant outre-Atlantique d'autant que le pays est lui aussi cruellement atteint par la crise économique et financière. Tellement atteint qu'il pourrait envisager un désengagement partiel de l'Alliance?


Perte d'audience?

Divergences affichées, difficultés militaires et sans doute financières, tous ces éléments nécessitent une nouvelle réflexion sur le devenir de l'Alliance Atlantique car dans le même temps des alternatives peuvent voir le jour et entraîner de nouvelles mutations géopolitique. Ainsi la Russie s'est dite prête lors du sommet de Lisbonne à mettre en œuvre son propre bouclier anti missile pour protéger les pays d'Europe Orientale. Plus récemment encore, elle proposait ses missiles S-500 pour participer à l'élaboration de ce bouclier. Certains pays de la région pourraient, le temps aidant à oublier, être de nouveau attirés dans le giron russe.

crédit inconnu


L'OTAN est encore aujourd'hui fortement dépendante de la super puissance américaine mais celle-ci vient de vaciller sur son piédestal déstabilisée par la crise économique. L’Alliance devra sans doute une nouvelle fois s'adapter si elle veut pouvoir conserver un pouvoir de dissuasion nécessaire aux règlements des affaires de ce monde.

N.B.: pour en savoir davantage sur l'OTAN, lire le très bon et très complet: L'OTAN au XXIe siècle d'Olivier Kempf aux éditions ARTÈGE

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire